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L'ENSEIGNEMENT...
Une page nécessaire! Et aussi un cri d'alarme pour nos élèves musiciens...
J'ai commencé ma carrière comme enseignant en conservatoire, je l'ai déjà dit, puis comme professeur particulier de 1986 à 1999. Ce qui fait que j'ai été assez bien placé pour apprécier le système mis en place dans notre pays quant à l'encadrement de nos élèves musiciens. J'ai eu aussi l'occasion de faire une comparaison avec mes deux homologues et amis de longue date Chris Chater, professeur de musique à l'American School of Paris, et Lea Zevers, professeur de musique à la Deutch Schule, deux écoles proches dont la réputation n'est plus à faire, situées à Saint Cloud dans notre ouest francilien. Nous avons pu ensemble évaluer par nos rencontres musicales et les prestations conjointes de nos élèves respectifs, le décalage énorme qu'il existait avec notre pauvre structure nationale, dans nos écoles, ce n'est plus un secret pour personne, mais aussi, et ce qui est plus grave, dans nos conservatoires municipaux, en principe dédiés à l'éducation musicale!
Je fus dès le début de mon admission en 86 à la tête d’une classe en conservatoire confronté à cet état de fait: on noie nos apprentis musiciens dans la théorie stérile d'une à deux années de solfège avant de leur donner accès à l'instrument. Quel désastre! Un peu comme si on apprenait la grammaire sans jamais lire et écrire, bref, appliquer. C'est une des raisons qui ont accéléré mon départ du conservatoire après deux ans d'exercice, pour me consacrer jusqu'à 89 à l'éducation de mes élèves de tous niveaux, selon mes méthodes. C'est à dire que je fais en sorte que mes pianistes, des débutants aux masterclasses, aient accès au même contact sur les claviers de plusieurs instruments, et reçoivent une solide formation harmonique autour de l’exécution. Ce qui fait quà partir de trois à quatre ans de piano, ils sont capables non seulement d’exécuter leurs deux clefs aux deux mains, ce qui déjà quelque chose en soi, mais encore d'analyser ce qu'ils jouent et de le comprendre. Cela fait d'eux des musiciens complets à mon sens, plus à même de prendre certaines libertés par rapport à la partition, donc originalité de phrasés et audace dans l’interprétation. Je privilégie aussi dès qu'ils se sentent prêts l'accès à l'improvisation, à la composition et à l'arrangement pour les plus exigeants. J'ai eu le plaisir de présenter quelques élèves aux grands concours nationaux, et voir avec fierté certains d'entre eux suivre mes traces. Je citerai mon ancien élève et ami Serge Kazadjian, que j'ai eu à l'étude à l'âge de 15 ans jusqu'à ses 21 ans, et qui après avoir enseigné pendant une dizaine d'année à Paris, et repris tous mes élèves particuliers quand j'ai lancé mon label, possède sa propre école aujourd'hui...
Et le pire est que les choses ne changent pas en France depuis plus de trente ans! J'ai pu encore constater aujourd'hui par le biais des écoles municipales les plus proches ce déplorable effet sur nos jeunes pianistes. Mis à part les CNR de Versailles, Rueil. Nous autres professeurs particuliers ne devrions, comme c'est le cas en Allemagne par exemple, nous consacrer exclusivement au perfectionnement des plus élevés en niveau, voire de leur préparation aux grands concours. Et nous sommes submergés de demandes par les parents les plus réactifs pour sauver l'avenir musical de leur enfant qui a juste envie d'arrêter la musique après cet incontournable et trop long stage théorique sans application sur un clavier. Les plus avisés inscrivent directement le tout débutant chez un professeur particulier. Il gagne 2 ans, et un niveau d’exécution élémentaire. Petite pensée pour mon homologue Annie Bordes de Vaucresson, qui s'était elle aussi bien battue pour cela...
Ne parlons pas de nos structures scolaires, qui sont juste inexistantes sur le plan musical. Qui ne ne souvient pas des désordres monstrueux qui règnent pendant le cours de musique. Profs titulaires d'un DE, pas vraiment convaincants, démotivés, voire une peu dépressifs, on peut le comprendre, et qui subissent forcément un troupeau d'élèves non moins démotivés livrés à eux mêmes. Pas brillant... Je reviens donc tout naturellement pour finir sur mes collègues des écoles allemandes et américaines citées plus haut: j'ai souvent eu l'occasion d'être invité dans leurs classes pour constater à quel point les élèves étaient participants. Lea organisait des concerts classiques, solo et orchestre, avec la bénédiction de la direction, et Chris des formations qui allaient du quartet au big band. Chaque élève était un bon musicien. Le cours de musique était aussi important, voire encore plus passionnant que les autres matières. Pourquoi notre système pédagogique ne s'inspirerait-il pas enfin de ces méthodes?
Et un jour on recommencerait peut- être à installer les musiciens devant leur instrument dès les premiers cours dans nos conservatoires! Et un jour, on referait peut-être de la musique...
Thiery LAFOSSE C.2016
Liza transcriptio, Thierry Lafosse intégrale Gershwin - Gershwin
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