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LE SOUFFLE

ET 

LA FRAPPE...

gonzalez blaise.jpg

             

 

            La console de nef du prestigieux Van den Heuvel de Saint Eustache à Paris. 



             

 

 

                Messiaen, aux 3 claviers de son grand Cavaillé de La Trinité, à Paris, ne parlait-il pas de sa "fontaine à couleurs", en évoquant tendrement l'orgue dont il fut titulaire de 1931 à 1992? C'est vrai qu'il donnait un sens particulier à notre système tonal, avant de créer son propre système de "modes à transposition limitée", associant volontiers une nuance de couleur à une tonalité, sublime correspondance des sens, et un fa majeur ne flambait-il pas comme un orangé triomphant sur le clavier du tutti, alors qu'un Si bémol mineur s'enfonçait dans un pourpre abyssal sur les jeux d'anches...




             At home....Bien mieux chauffé chez soi, évidemment!

 

à gauche, dix-huit jeux tuyaux Gonzalez.

à droite, 57 jeux échantillon avec système Hauptwerk
 

               

 

 

             

 

 

 

 

 

 

 

             La percussion et le vent, le poids de la frappe et la tenue du souffle, le piano et l'orgue, si diamétralement opposés et pourtant si complémentaires. Un même clavier tempéré à douze demi-tons égaux pour chacun d'entre eux. Polyphonie maximale dans les deux cas. 

Ma carrière de musicien et de compositeur plus que d'interprète m'ayant résolument orienté vers le jazz, l'improvisation et l'harmonie modale depuis dix neuf cent quatre-vingt, j'ai toujours sagement privilégié et gardé le contact avec mes bases classiques, sans lesquelles rien n'est envisageable. Une parfaite connaissance du système tonal est nécessaire à toute progression. J'essayais dès l'âge de 5 ans mes premières tierces puis mes premiers accords parfaits sur le vieux Coutillac familial dominé par ma mère à l'époque, honnête interprète et instrumentiste qui m'a guidé de ses premières leçons...


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Hauptwerk



         

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 L'orchestre au bout des doigts,oui,et la composition par les combinaisons quasi infinies des accords et de leurs renversements, puis des structures de cadences dans lesquelles ils vont s'inscrire. Deux instruments dédiés à l'improvisation et à l'arrangement, sans aucun doute . Et la comparaison doit s'arrêter là!

            Deux clés seulement pour le piano, parce que plus limité dans ses registres, par son clavier unique à 88 touches couvrant tout juste 7 octaves un quart. Une troisième clé pour le pédalier vient soutenir les deux autres réservées aux claviers manuels pour l'orgue.  La disposition et le nombre de claviers dépend de l'importance de l'instrument et du nombre de jeux qui lui est alloué. Une plus grande capacité quant à la superposition des voix.
 

                Après des études classiques sur le piano depuis l'âge de 5 ans jusqu'à l'âge de 16 ans, j'ai entamé un cursus sur le maître instrument pendant quatre ans. Pierre Cochereau parlait d'une véritable douche que l'on recevait dans le dos alors que l'on faisait retentir les pleins jeux sur la console. Je reçus en ce qui me concerne ma première douche dans toute la gloire du tutti au pied des tourelles du Grand Clicquot de Notre-Dame de Versailles, mon deuxième instrument de travail, vers l'âge de 18 ans. Inénarrable et inoubliable, bien évidemment. 


       



 

             

 

 

           

        Si l'on peut dire que chaque piano à sa sonorité propre à mettre en valeur par l'interprète, c'est encore plus vrai pour l'orgue si l'on considère la position de son buffet dans le volume de l'édifice, sa composition et le tempérament de ses jeux. Chaque console à laquelle j'ai eu accès m'a apporté une joie différente, du petit positif de la chapelle de Saint-Jean de Béthune à Versailles où je pris mes premiers cours vers 1974 sous la direction du Père Bouttier, en passant par les trois claviers du grand Clicquot de Notre-Dame de Versailles, où je fus dirigé en 1976 par Pierre Béguigné et Georges Robert, jusqu'aux 5 claviers de la fabuleuse console de nef van den Heuvel de Saint-Eustache à Paris, où j'ai eu l'occasion d'enregistrer récemment.
              Une petite remarque à ce stade quant à la quasi impossibilité à l'époque de répéter en dehors des tribunes: étant donné que nos maisons ne sont pas toutes des châteaux et qu'il est impossible d'y loger les 80 jeux d'un bel instrument, la confortable alternative actuelle qui évite les rhumes et autres refroidissements sur les tribunes humides de nos paroisses consiste en un numérique 69 jeux, couplé à un système optique Hauptwerk et à une amplification de qualité disposée selon les dimensions de votre pièce, et qui permet via d'énormes disques durs d'accéder aux échantillons réels de tous les instruments prestigieux de notre pays. Pratique évidemment, je l'utilise chez moi à l'occasion, mais qui ne remplacera jamais la saine confrontation aux volumes d'une nef et aux tuyaux d'étain et de plomb!



             

 

           Clicquot ND Versailles, mois molière 2012

 

               

 

 

 

 

 

 

               Du point de vue de la technique du clavier l'approche est très différente. La tenue est forcément privilégiée aux mains et aux pieds sur le pédalier et les claviers de l'orgue, alors qu'il s'agit bien de poids de la main et d'attaque des doigts sur le clavier du piano, les pieds se limitant à activer les pédales una corda et expression. Plus subtile approche en ce cas à mon sens. Nous sommes dans le domaine de la percussion, et plus encore que sur n'importe quel autre instrument, l'interprète doit créer véritablement un son. Il fait corps avec son instrument du pianissimo au fortissimo, en dosant subtilement l'action des deux pédales.

Rien d'équivalent sur l'orgue pour lequel les pieds doivent jouer de véritables parties réclamant souvent une grande virtuosité sur un clavier qui leur est réservé, le pédalier.

 

 

               Le pédalier



             

 

 

 

           La registration est le maître mot pour l'orgue. Registrer, c'est assortir judicieusement les différents jeux de l'instrument, que nous ne pourrons tous énumérer ici, sur les différents claviers de l'instrument. De façon à ce qu'une attaque rapide et précise sur de fulgurants contrastes puissent s’exécuter avec brio sans que le tempo général de l'improvisation ne soit affecté.C'est là aussi tout l'art de l'organiste qui se pose autant ici comme peintre que comme virtuose. Et les possibilités sont quasi infinies...


              Home...Clavecin de concert 4 jeux Wiiliam de Blaise


             

 

 

               

 

 

            Malgré mes dix premières années d'études consacrées au classique, je n'ai jamais pu m'empêcher d'associer le piano au Jazz, peut-être en rapport avec le coté forcément plus percutant de l'instrument et le jeu plus syncopé quant à la frappe directe sur la corde. Les tout premiers marteaux de la mécanique sont ici nos doigts assistés par nos poignets, ne l'oublions pas, et le son qui passera à l'auditoire dépend directement de cette frappe! Peut-être aussi à cause de cette voie choisie et privilégiée dans mon cursus à partir des années 85. De la même façon que ma pratique du clavecin est associée définitivement au répertoire baroque. Nous reviendrons sur cet instrument hybride.

 

 



             Home...Pleyel Shimmel demi queue 1,90, mécaniques Renner



             

 

      Durant ma courte carrière d'enseignant en conservatoire, de 84 à 90, j'ai toujours voulu donner la priorité dans mes classes à la sonorité du jeu et au poids de la main sur le clavier: Chacun de mes élèves devait passer par ce travail intensif, associé à une étude parallèle approfondie de l'harmonie et de l'intervalle. Ceci ne m'a pas valu que des amitiés dans ma hiérarchie de l'époque, encore très ancrée dans le solfège obligatoire et à outrance, au détriment de la pratique de l'instrument et de la compréhension élémentaire du cycle des quintes... D'où à mon sens une certaine stérilité du système. Les choses ont elles d'ailleurs vraiment changées? Dommage pour nos musiciens en herbe! 


            Home...Clavecin William de Blaise. Un compromis entre la registration et l'accès à la corde par le sautereau...


             

 

 

 

      Une alternative intéressante entre l'orgue et le piano, qui garde le côté tenue et registration de l'un, et le côté cordes de l'autre: Le clavecin. Epinette à un seul jeu de cordes et un seul clavier, ou bien clavecin de concert 2 claviers jusqu'à 4 jeux de cordes, certaines raretés à 3 claviers 6 jeux, ou 2 claviers et un pédalier, permettant de travailler le répertoire d'orgue. Je consacre l'utilisation du mien au répertoire baroque, qui lui va si bien...
5 pédales, donc, pour 2 jeux de cordes superposés à chaque clavier, et un accouplement. La corde est ici pincée grâce aux plectres équipant le jeux des sautereaux. Aucune dynamique au clavier comme sur le piano, mais la superposition des jeux et accouplement des claviers comme sur l'orgue. La technique du clavier est sensiblement la même que sur l'orgue quant à la tenue, excepté le staccato forcément plus sensible. Les claviers sont souvent en buis. Un instrument élégant, d'une sonorité incomparable....

               Home...Le piano électroacoustique. Au premier plan, un CP 60 Yamaha midifié. De vrais cordes et de vrais marteaux, vers une amplification directe et un son unique. Toucher intact. Interface midi pour communiquer avec synthétiseurs et ordinateurs


               

 

       Je voudrais terminer enfin sur certains instruments plus contemporains, dits électroacoustiques, que j'ai souvent été amené à utiliser comme musicien de jazz et de fusion, pour leur sonorité si particulière, Ils sont apparentés tous au piano, par leur côté dynamique. Ils rendent en outre de grands services de par leur interface midi (pour musical interface digital instrument) qui leur permettent de piloter des synthétiseurs et autres banques de sons, et surtout de saisir en temps réel le jeu et l'éditer directement en partition via un ordinateur équipé du logiciel consacré. 
Citons pour les pianos à cordes le CP 70 Yamaha, pour le son très 80's et le confort du jeu, le Disklavier et son système de fibre optique, puis le très à part Fender Rhodes, mark 1, 2, 3 , 4 et 5, qui lui utilise la vibration de lamelles métalliques par la frappe du marteau, dédié au son du Jazz!



 

 

 

 

 

Home...Le fameux Fender Rhodes Mark2 73. Au 2ème plan, l'indispensable Bonzini B90!!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Home again...Le yamaha Disklavier, ici pilotant un Virus et un Korg Ms10 midifié

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Thierry LAFOSSE

C.2015

Toccata - Olivier Latry
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