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L'orgue et l'église...

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Prélude et fugue sur le nom de A.L.A.I.N - Maurice Duruflé
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Par Isabelle de Horbs et Thierry Lafosse

 

Le 6 janvier 2018

 

Nous citions hier soir  Baudelaire avec Thierry en arrivant à Notre Dame de Paris, alors que la pluie commençait à retomber sur le parvis: "il nous verse un jour plus triste que les nuits" Le grand sapin n'arrivait même plus à égayer les touristes frileusement blottis!
Il nous a fallu attendre que la messe pour l'installation de Mgr Aupetit, le nouvel archevêque de Paris soit terminée avant de rejoindre Marco LO MUSCIO, invité, à la console du grand Cavaillé. Crescendo pour le programme: Bach, sagement couché dans ses cadences sur les jeux d'anches, Bull, Alberg, Ligeti, et enfin un hommage à Messiaen et son mode à transposition limitée par LO MUSCIO lui même au tutti!

Et alors que nous nous retrouvions devant une table bien sympathique sur l'île une heure plus tard, nous avons devisé sur un sujet qui nous tenait à coeur, ayant tous deux grandi dans notre Versailles bien pensant et protégé: l'orgue peut il sortir des églises, d'une part, et l'organiste peut il mieux improviser s'il a en plus la foi?

J'aimerais, Thierry, que tu répondes ici, comme tu as répondu hier. Entre nous. Cela m'a beaucoup plu. Facebook ne mord pas. La preuve, j'y suis!

Courage!

Isabelle de Horbs

Chère Isabelle, c'est ici que j'ai choisi de te répondre, non pas que Facebook me pose problème, mais bien parce que le sujet est intéressant et trouve sa place sur ma page, ce me semble. Comme promis, je me connecte et j'en fais aussi une copie sur Facebook!

Comme tu le soulignais, nous avons tous deux été élevés dans la foi et le confort relatif de nos familles bourgeoises, avec nos 4 ans d'écart, et ceci nous à sans doute guidé malgré nos jeunesses tumultueuses et renforcé je crois, si l'on se transporte dans notre époque pas si évidente...

Curieusement, nous avons c'est vrai grandi l'un à côté de l'autre, fréquenté les mêmes écoles, assisté aux mêmes offices avec nos familles, nous sommes peut être même croisés dans tel ou tel rallye ou soirée Versaillaise, et il a fallu que ce soit des années plus tard  sur les bans de la Sorbonne que nous fassions enfin connaissance! Tu commençais ton cursus et je finissais le mien...

Par-dessus notre éducation et notre foi commune, c'est cette passion partagée pour la musique  et l'enseignement, dont nous avons fait tous deux notre métier, qui nous a définitivement rapproché.

Belle soirée à Notre Dame le 6 janvier, c'est juste, et beaux échanges sur ce thème, alors je te réponds.

L'orgue peut évidemment sortir de nos églises. Nous ne manquons pas de superbes tribunes dans la capitale, pour occulter les vraies réussites technologiques que sont le Rieger de la Philarmonie de Paris et le Grenzing de Radio France

Je lisais ta dernière publication sur notre pauvre Jean Guillou qui a quitté les 5 claviers de son Van den Heuvel de Saint Eustache très fâché après les curés! On peut évidemment comprendre son amertume après que le choix de son successeur ne lui soit pas revenu!  Titulaire depuis les années 60. C'était sa vie...Il a refusé la légion d'honneur, et il a bien fait!

Quant à la foi, je dirais qu'il en est de même pour la vraie  et saine résonnance d'une nef et celle d'une salle de concert, si bien étudiée soit elle. L'instrument s'y épanouit comme l'instrumentiste s'y sent forcément plus inspiré. L'orgue par sa polyphonie est dédié à l'improvisation. Depuis des siècles.

N'oublions pas que le propre de l'improvisateur,

c'est la communion, l'élan fugitif avec le Beau qui le dépasse et auquel il n'a accès qu'en de trop rares moments.

Alors en ce sens, oui , la foi est une force précieuse, et quelles meilleures vibrations que celles qu'il trouve dans la majesté d'une nef pour faire résonner ses jeux dans toute la gloire du tutti, et  par là arriver au sommet de son art?

Bien à toi

Thierry Lafosse

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